En Grande-Bretagne victorienne, l’injonction “quelque chose de bleu” s’impose au mariage dès la fin du XIXe siècle, alors que d’autres couleurs sont déjà associées à des superstitions contradictoires. Les familles juives séfarades, quant à elles, intègrent des rubans bleus dans les tenues nuptiales depuis le Moyen Âge, sans lien avec les traditions britanniques.À travers l’Europe et l’Amérique du Nord, l’ajout du bleu parmi les porte-bonheur du mariage n’a jamais fait l’objet d’un consensus sur sa forme, ni même sur sa place exacte dans la cérémonie. Pourtant, sa présence s’est maintenue, traversant les modes et les frontières.
Les quatre porte-bonheur du mariage : origines et symboles d’une tradition universelle
Impossible d’aborder la tradition mariage sans évoquer la célèbre formule anglaise : “something old, something new, something borrowed, something blue”. Ce rituel, ancré en Angleterre au XIXe siècle puis mis en lumière à l’époque victorienne, a très vite circulé bien au-delà des îles britanniques. France, États-Unis, partout en Europe : chacun réinvente la coutume, sans jamais en trahir l’esprit.
La magie de ce quatuor tient à la force des objets choisis, chacun porteur d’un symbole clair :
- Objet ancien : pour rappeler les racines, la continuité de l’histoire familiale et la transmission sur plusieurs générations
- Objet neuf : promesse d’avenir et souffle de renouveau pour le couple
- Objet emprunté : témoin d’amitié, de soutien, et de bonne fortune à partager
- Objet bleu : fidélité, tranquillité, confiance tissée sur la durée
À chaque mariage, ces objets glissés dans la tenue ou tenus à l’abri des regards ne sont pas anodins. Ils rappellent que la cérémonie ne se limite jamais à un simple événement, mais relie l’individuel au collectif, le passé à l’avenir, le singulier à l’universel.
Pourquoi le bleu occupe-t-il une place si particulière dans les mariages ?
Le bleu intrigue par sa discrétion et sa puissance dans l’univers nuptial. Sa charge symbolique traverse les âges. Déjà au Moyen Âge, le bleu suggère fidélité et pureté, associé dans l’imaginaire collectif à la Vierge Marie. Les cultures grecque et romaine y voyaient quant à elles la couleur de la protection et de la sérénité : tout ce dont un couple rêvait pour bâtir une union solide.
Si la robe blanche s’impose avec la reine Victoria, celle-ci ne tourne pas pour autant le dos à la force du bleu. Dès le XIXe siècle, on voit fleurir cette couleur précieuse dans les accessoires : ruban discret, broderie fine, bijoux bleus tels que saphir ou aigue-marine. Les mariées d’aujourd’hui aiment perpétuer ce geste, qu’il s’agisse d’une jarretière colorée ou d’un mouchoir brodé transmis d’une aïeule. Le bleu, alors, devient le témoin silencieux de la constance et de la profondeur des sentiments.
On le retrouve aussi parmi les fleurs du bouquet : delphinium, hortensia, lavande, eryngium… autant de nuances bleutées qui murmurent la paix, l’élégance, et la promesse d’un engagement durable. Introduire un détail bleu dans la tenue ou pendant la cérémonie, c’est jeter un pont entre les générations, tout en invitant la chance et l’harmonie à fleurir au cœur du mariage.
Idées inspirantes pour intégrer le bleu et les autres éléments porte-bonheur le jour J
Le bleu n’a pas de territoire réservé : il s’invite là où le couple le souhaite, subtilement ou avec panache. Quelques pistes pour glisser cette couleur symbolique dans les préparatifs :
- Un ruban bleu cousu en secret dans la robe ou le costume, pour une touche sentimentale presque invisible
- Des accessoires en bleu : cravate, nœud papillon, pochette ou même chaussettes pour ceux qui aiment l’originalité
- Une broderie bleue sur un mouchoir, dans la doublure d’une veste ou d’une pochette, pour un signe discret et touchant
Qui dit bleu, dit souvent fleurs. Les bouquets se réinventent : delphiniums, hortensias, lavandes ou eryngiums s’invitent pour une note bleue poétique et rafraîchissante. Certaines mariées choisissent de marier plusieurs porte-bonheur dans le bouquet, chaque élément chargé d’intentions particulières :
- Attacher un bijou de famille à la tige du bouquet
- Garder un ruban ancien retrouvé dans les affaires d’une grand-mère
- Épingler une broche prêtée par une amie chère
Derrière chaque objet se dévoile un souvenir, une histoire, une promesse discrète qui perdure.
Les façons de s’approprier ces rituels ne manquent pas. Que ce soit dans la sphère anglo-saxonne ou en France, le bleu dialogue spontanément avec les autres éléments porte-bonheur. On peut choisir de porter un bijou bleu reçu en héritage, de miser sur des chaussures colorées pour partager un clin d’œil à une figure maternelle, ou de parsemer la décoration de touches en bleu : serviettes raffinées, vaisselle sélectionnée, compositions florales, tout devient support à mémoire.
Quelle que soit la manière, le bleu poursuit sa route de génération en génération. Témoin silencieux, il épouse les espoirs et les vœux au fil des mariages. Toujours en filigrane, il rattache chaque union à ceux qui l’ont précédée, et murmure que tisser une histoire nouvelle passe parfois par un simple éclat de couleur, presque invisible, mais impossible à oublier.
